15/01/2018

CES 2018, notre amour pour l’IA est tout sauf artificiel

Le Consumer Electronics Show (CES), annuelle grand-messe technologique, vient de se dérouler à Las Vegas. On y reçoit les derniers gadgets et technologies qui se retrouveront sur notre liste de Noël à court ou à (très) long terme.

Les grandes annonces et tendances 2018 nous invitent à effectuer un retour sur iLife, plus récente étude Prosumer de Havas portant sur notre relation avec la technologie. Cette enquête menée dans 32 pays, incluant un échantillon au Québec, explore nos attentes et nos craintes face à l’intelligence artificielle, autant que notre ouverture propension à partager nos données ou à avoir une relation intime avec un bot.

Notre relation avec l’IA: it’s complicated.

Depuis longtemps, nous sommes ambigus par rapport à l’intelligence artificielle. Les fantasmes d’une vie rendue plus facile grâce à un robot majordome entrent en conflit avec les récits dystopiques des robots se rebellant contre les humains. Au final, la majorité des Canadiens et des Québécois craignent que l’avancée de l’intelligence artificielle prenne le pas sur l’intelligence humaine.

En attendant, pour certains, le fantasme des robots va au-delà du rôle de majordome. En effet, parmi les nouvelles qui ont fait le plus de bruit au CES 2018, notons la présence de robots danseurs érotiques. Come on! On est loin de l’innovation technologique… alors que de tels robots dansent déjà depuis près de 10 ans (une carrière respectable dans cette industrie). La nouveauté n’est donc pas technologique, mais culturelle et sociologique: c’est notre ouverture à une relation, et notre attirance pour les robots qui porte actuellement à réflexion.

À cet égard, l’étude Prosumer confirme d’ailleurs que de plus en plus de gens sont à l’aise avec l’idée d’entretenir une relation amoureuse, voire sexuelle, avec un robot. Maintenant, quelque 15% des Canadiens se disent favorables. Fait intéressant, plus de 54% des milléniaux chinois sont prêts à tenter l’expérience.

Les marques, nos nouvelles colocataires.

Si plusieurs ne sont pas encore prêts à s’engager émotivement, une majorité de gens sont ouverts à cohabiter avec les robots. Ces dernières années, l’on a vu l’émergence des assistants vocaux. L’Echo d’Amazon et Google Home entrent graduellement dans nos maisons. On l’a vu au CES, ces assistants ne resteront pas dans leur boîte et s’intégreront dans une panoplie de produits. D’ailleurs, Google vient tout juste d’annoncer une quinzaine de partenariats afin que son assistant se retrouve dans une foule des produits allant de la télévision à la cuisinière.

Ces intégrations étendent la sphère de la consommation au domicile. Nous laissons de plus en plus de marques pénétrer notre espace. Pour payer leur loyer, elles remplissent notre réfrigérateur, livrent des produits dans notre salon en notre absence, s’occupent de la musique ou de l’éclairage. Bref, elles contribuent… et apprennent à nous connaître au passage.

À l’échelle mondiale, 25% des gens aimeraient que les marques utilisent leurs données personnelles afin de prévoir les produits dont ils auront besoin, puis de les livrer directement à la maison. On remarque à ce sujet un retard important au Canada (14%) et au Québec (11%). Avec l’arrivée récente des assistants vocaux dans nos foyers, ces données grimperont certainement au cours des prochains mois.

Bye bye vie privée.

Globalement, notre société est amoureuse de la technologie. Les entreprises technologiques font la couverture de tous les magazines, leurs fondateurs sont élevés au rang de héros. Les deux tiers des gens sondés croient qu’il sera bientôt impossible de garder nos données en sécurité. Cette crainte limite la capacité de personnalisation des expériences technologiques. Si bien que la gestion des données est devenue un message de marque.

Quel impact pour les marques?

  • Redoubler d’efforts pour renforcer la confiance
  • Les consommateurs nous confient bien plus que leurs besoins pour un produit ou service, ils nous donnent les clés de leur maison. Les marques qui tireront impunément avantage de cette confiance seront sanctionnées par les consommateurs. Plus une marque est proche de nous, plus nos attentes sont élevées.

  • L’humain derrière la machine
  • On le sait bien, une personnalité forte est utile pour bâtir une marque forte, et nécessaire quand on intègre l’intelligence artificielle à nos interactions. Personne ne veut vraiment sentir qu’il discute avec un robot. C’est la raison pour laquelle les technologues des Google de ce monde se sont adjoint l’aide de comédiens, écrivains rédacteurs et spécialistes de l’empathie pour peaufiner leurs assistants numériques.

  • Agir en bon père de famille face à l’utilisation de la technologie
  • Quand on pense que 58% des participants dans le monde croient que les fabricants de voitures devraient bloquer les applications de divertissement quand une personne conduit seule, on voit bien que les attentes sont élevées en ce qui concerne la bienveillance des marques. On réclame des expériences technologiques qui doivent demeurer sécuritaires et enrichissantes.

  • La confidentialité est un vrai cheval de bataille
  • Le partage des données personnelles inquiète les gens… avec raison. Les brèches de confidentialité ont été nombreuses. On s’attend des marques qu’elles multiplient les efforts pour éviter les bévues, puis qu’elles affrontent tout problème avec une transparence totale. Les consommateurs comprennent aujourd’hui que rien n’est sécuritaire à 100%, mais exigeront d’avoir l’heure juste si leur marque préférée n’a pas su protéger leurs données.

Face à ces différentes observations, l’on peut se demander comment évoluera notre relation avec les différentes formes d’intelligence artificielle qu’on côtoie de plus en plus au quotidien. Nos craintes sont-elles fondées? Deviendrons-nous vraiment plus lâches, voire moins intelligents? Ou serons-nous libérés et augmentés?

Hey, OK Google, t’en penses quoi, toi?

Article originalement publié dans Infopresse.

Image tirée de Mashable

John Pankert
John Pankert
Directeur, stratégie
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