Lundi matin, il y a au moins une personne à Montréal qui n’a sûrement pas eu envie de chanter I Don’t Like Mondays du groupe The Boomtown Rats. Ce n’était pas un début de semaine comme les autres pour Stéphane Goyette. Il s’agissait de sa première journée au poste de directeur du Bureau de la ville intelligente et numérique de Montréal, poste créé dans le but que la métropole devienne un chef de file reconnu mondialement en la matière.
Pour lui souhaiter la bienvenue et faciliter son entrée en fonction, nous lui avons préparé un résumé de l’événement Startups pour une Montréal intelligente qui a eu lieu le 5 août dernier chez Google Montréal.
L’objectif de ce rassemblement: contribuer à mettre Montréal « sur la map » des villes intelligentes. Précisons que l’intelligence des villes n’est pas calculée par un banal quiz de Facebook. Selon Wikipedia, « Une ville peut être qualifiée d’intelligente quand les investissements en capitaux humains, sociaux, en infrastructures d’énergie (électricité, gaz), de flux (humains, matériels, d’information) alimentent un développement économique durable ainsi qu’une qualité de vie élevée, avec une gestion avisée des ressources naturelles, au moyen d’une gouvernance participative. »
En tant que partenaire de la soirée, organisée par cllbr, Tout le monde UX et Open North, TP1 était sur place pour contribuer au dialogue. Voici mes réflexions ainsi que celles de mon collègue Sylvain Letellier, lead recherche et mesure de performance de TP1.
Trouver l’intelligence ailleurs que dans les données
Cynthia Savard Saucier
En tant que modératrice invitée, j’ai eu la chance d’animer le groupe de discussion sur l’expérience utilisateur.
Ce qui m’a le plus marqué au cours de la soirée a été de constater que l’intelligence n’est pas seulement issue des données et des solutions technologiques. Ce qui signifie qu’une solution n’a pas à être technologique pour être efficace!
Matthieu Dugal, animateur et chroniqueur de l’émission de radio La Sphère, a d’ailleurs fait une excellente introduction sur l’importance de ne pas mettre l’urbanisme, l’architecture et le design dans une catégorie à part, car ce sont tous des domaines susceptibles de contribuer à l’intelligence d’une ville.
Au cours de la discussion, plusieurs solutions ont été proposées par les participants. Et presque la majorité d’entre elles se résumaient à une évidence: nous devons mieux nous approprier les solutions déjà existantes. Car même si la ville propose de nouveaux services, si les citoyens ne s’approprient pas ceux déjà existants, au final, c’est de l’argent qui est gaspillé.
Prenons l’exemple des conseils d’arrondissements. Leur taux de participation est très faible. Pour l’augmenter, une plateforme de vidéo conférence a été mise en place, sans grand succès. À mon avis, ces vidéos sont longues et ennuyeuses! Suivre le conseil d’arrondissement en direct sur le web ne le rendra pas plus intéressant.
En tant que designer d’expérience utilisateur, lorsque je propose à un client une solution pour la refonte de leur site web, je m’assure d’avoir sondé leurs utilisateurs et de bien comprendre leurs besoins et leurs motivations. Je pense qu’à l’instar du UX, cerner les besoins des citoyens est primordial, avant même de proposer quelconques solutions.
La communication avant tout
Sylvain Letellier
Puisque le concept de ville intelligente est encore naissant, le public présent à cette soirée était surtout composé d’évangélistes en devenir qui attendent avec impatience des solutions techniques, organisationnelles ou économiques pour répondre à leur soif de données. Cela s’est traduit, dans les ateliers sur le big data et sur le design, par des discussions sur les moyens d’obtenir plus de données.
Seuls quelques participants ont démontrés l’importance, essentielle selon moi, de la qualité des données. Que ce soit dans la structure des sources (nettoyer l’information pour parler le même langage) ou dans la présentation (rendre les données attrayantes), la ville intelligente devra avant tout savoir communiquer.
Or, bien souvent dans les exemples proposés, le risque que le bruit généré nuise au message était très présent. Le citoyen, plutôt que de bénéficier d’une nouvelle transparence, pourrait bien se retrouver enseveli sous un flux continu d’information indigeste.
Pour répondre au besoin du public au-delà des geeks de données, il faudra mettre en commun les efforts de nombreuses disciplines, et ne pas se limiter aux aspects technologiques de la question. Avec la maturité, on peut espérer que les acteurs, tant publics que privés, répondront à ces enjeux.
Poursuivre la réflexion
Le concept de ville intelligente fait beaucoup spéculer. Afin de poursuivre votre réflexion sur le sujet, je vous recommande la lecture du rapport qui à été conçu suite à l’événement du 5 août. Écrit par une équipe outillée en la matière, ce compte rendu exhaustif propose un retour sur l’ensemble des groupes de discussion de la soirée.
La ville de Montréal propose également un court document intitulé Montréal, ville intelligente et numérique 2014 qui explique sa stratégie à travers quatre axes de stratégie.
Toujours sur le site de la ville de Montréal, il est étonnant de constater la quantité et la diversité de données disponibles sur le Portail données ouvertes. Il est possible, notamment, de se renseigner sur la fréquentation des bibliothèques de la ville, d’avoir accès à la liste des points de rencontre du programme pour enfants Livres dans la rue, ou encore de connaître le nombre de supports à vélo disponibles.
Si le sujet vous intéresse et que vous souhaitez en discuter directement avec le maire Denis Coderre, un événement Les Affaires est prévu le 22 octobre prochain: Ville intelligente: Innovez pour réduire vos coûts d’opérations et améliorer les services aux citoyens.
Crédit illustration : Huan Tran