On ne se rappellera certainement pas de SXSW 2014 comme de l’édition du consensus! Trois grands thèmes ont toutefois retenu mon attention. Le premier, l’émergence de ce que j’appellerai le life-hacking: quand la technologie devient une extension de notre être, se connectant à nos signes vitaux, notre biologie, et ce qui nous entoure. Bref, c’est toute l’écologie qui peut maintenant prétendre à être connectée (et hackée!) comme en témoigne Made in the future, une initiative conjointe du MIT Media Lab et de IDEO.
Ensuite, difficile de ne pas mentionner BuzzFeed et Upworthy qui continuent à faire les manchettes à SXSW. Les nouveaux modèles de contenu et de distribution ont été au coeur des discussion et tout le monde veut connaître la recette secrète. Car les grands joueurs du contenu en ligne veulent tous devenir calife à la place du calife et ainsi détroner Facebook au titre de « page d’accueil d’Internet ». Au même moment, les médias traditionnels, menacés par Spotify, Netflix et Aereo (pour ne nommer que ceux-là), ont pris du poil de la bête en se réinventant à l’ère du mobile et du social. La présence en grande pompe des réseaux américains s’est fait sentir: CBS, Time Warner et HBO avaient tous des conférences, des kiosques et des activations très intéressantes. Les réseaux ont peut-être finalement compris les règles du jeu du numérique! En tout cas, à SXSW 2014, la télévision est loin d’être morte. Qui sait, on aura peut-être droit à une saison de Game of Thrones créée pour le Oculus Rift dans un futur pas si lointain.
Mais l’éléphant dans la pièce vitrée aura été la sécurité et notre vie privée.
Si on se questionnait sur la confidentialité de nos données à l’arrivée de Facebook, le sujet est encore plus d’actualité maintenant que déferlent les Google Glass et autres wearables, ces senseurs perpétuels de notre environnement, et que les Assange et Snowden de ce monde nous apprennent que finalement, rien n’est plus privé. Un combat de titans s’engage entre ceux qui pronent l’anonymat (dont les nouveaux réseaux sociaux Secret et Whisper) et ceux (tant les entrepreneurs que les gouvernements) qui souhaitent tirer profit de la manne de données à leur disposition.
George Takei, à la toute fin du festival, a créé l’émoi en questionnant le courage d’Edward Snowden, le comparant peu favorablement à son héros Martin Luther King, pour qui la prison était un passage obligé à une époque ou ses idées étaient pour le moins controversées. Lui lançant la question « What’s next, Ed? » il rappelle que sonner l’alarme est un premier pas, mais que ce n’est que le premier pas.
Dans les prochaines années, la société tout entière devra faire face à des changements bouleversants que l’évolution rapide des technologies ne fait qu’accélérer. Comme communicateurs, c’est à chaque jour que nous devrons nous questionner, pesant le pour et le contre de chaque outil, tactique, plateforme et campagne. On peut dorénavant affirmer que nous vivons la période « après Snowden ».
Quant à moi, je me rangerai du côté d’Hikaru Sulu en me référant à des valeurs de transparence, de collaboration et de courage quand j’aurai à faire de tels choix.
Maintenant, place à la musique.
Merci à Issam Heddad et John Pankert pour leur collaboration lors de l’écriture de ce billet.
Crédit image : Made in the future video, IDEO