Note: Depuis la publication de ce billet, le Parti libéral du Canada a effectué des changements sur son site web. Notre analyse et nos observations ont été effectuées avant la mise à jour du 5 août 2015.
En ce début de campagne, la plus longue de notre histoire récente, TP1 fait l’état des forces en présence, sur un terrain qu’on connaît bien: le web et les médias sociaux. Vous trouverez ici:
- une analyse en 10 éléments des sites web des partis fédéraux;
- le point de vue de nos spécialistes sur les sites de cinq principales formations;
- un aperçu de leur présence sur les médias sociaux;
- et des pages d’erreur 404.
Il n’est pas question ici de prédictions et surtout pas de poser un diagnostic précis, mais d’évaluer les outils numériques dont disposent les partis sur la ligne de départ. Nous verrons, dans les prochaines semaines, comment ils les mettront à profit…
Analyse des sites web des partis fédéraux
Du 1er au 3 août 2015, nous avons sondé nos professionnels du web afin d’analyser les sites des cinq principaux partis fédéraux. Les résultats démontrent que ces formations ont fait leurs devoirs en se dotant de plateformes numériques hautement performantes pour ces élections.
En 2015, les partis ont misé sur l’efficacité: présenter le chef, expliquer le programme, récolter des dons, faire sortir le vote. Chose certaine, on ne joue pas dans la dentelle. D’ailleurs, la seule catégorie de notre analyse où tous les partis sont presque à égalité est celle de l’apparence visuelle, preuve qu’il existe un «moule» du parfait site électoral quelque part sur le web!
Malgré tout, deux partis se démarquent: le Parti libéral et le Nouveau Parti démocratique (NPD), qui combinent qualité de l’information et interactivité, ce qui les propulse en tête de toutes les catégories de notre évaluation (six catégories sur 10 pour les libéraux et quatre pour le NPD).
En queue de peloton, le Bloc québécois se démarque aussi, mais pour les mauvaises raisons: son site, le seul pas adapté pour les téléphones intelligents (un incontournable en 2015), ne livre pas la marchandise et obtient le pire résultat dans cinq des 10 catégories de notre évaluation.
Où excellent les partis? Sans grande surprise, ils présentent très bien leur chef et se surpassent quand vient le temps de recueillir des dons.
Voici les résultats détaillés de notre analyse.
Le point de vue de nos spécialistes
«En 2015, un site non adapté pour les appareils mobiles est inacceptable. Les éléments interactifs sont difficilement identifiables (couleur grise, pas de hover) et donnent peu d’indices quant au résultat de l’action, car les libellés sont vagues. Plusieurs éléments de texte sont traités en images, ce qui est détrimentaire pour le référencement et l’accessibilité.» – Marc-Antoine Roy, designer chez TP1
«C’est plutôt propre et pas trop dense. Par contre, on laisse peu de place aux images, et le design manque de finesse dans son ensemble. On abuse des lettres majuscules et des caractères gras, ce qui nuit à la lisibilité, et les niveaux de lecture ne sont pas toujours bien définis. D’entrée de jeu, l’on accorde beaucoup d’importance aux textes du blogue. J’aurais par contre aimé qu’on me présente davantage le parti et la vision de son chef sans recourir à un carrousel peu efficace.» – Guillaume Granger, designer chez TP1
Ce qu’on aime
- Qualité et uniformité des images
Ce qu’on n’aime pas
- Un site pas optimisé pour les appareils mobiles
- On ne veut pas écrire à des candidats qui possèdent des adresses @gmail.com, @hotmail.com, @me.com, etc.!
- Un formulaire Google Docs pour s’engager, dont plusieurs fonctions sont en anglais (souvent la langue par défaut des utilisateurs)
- L’utilisation erronée du logo d’Instagram menant à une galerie de photos, alors que le Bloc est un des seuls partis sans présence sur Instagram
Nouveau Parti démocratique du Canada
«Optimisé pour les appareils mobiles, le site offre une navigation claire et efficace. La section sur Thomas Mulcair représente pour moi la page sur un chef la plus réussie. La richesse des contenus transmet une authenticité que la formation veut sans doute associer à l’image de son chef. La page des dons est aussi très réussie: très graphique, avec des fonctionnalités à leur plus simple état, elle mise sur l’efficacité du processus.» – Marc-Antoine Roy
«L’en-tête du site n’est pas très élégant avec ses éléments disposés de façon aléatoire et l’incitatif à l’action vert qui jure sur fond orange. La grille en page d’accueil est fluide et plutôt bien structurée, mais les grandes lignes du parti n’y sont pas mises de l’avant. Dans les autres pages du site, le NPD perd des points. Le contenu est riche, mais la typographie est très dense par endroits et la mise en pages n’est pas toujours réussie.» – Guillaume Granger
Ce qu’on aime
- Présentation très réussie de Thomas Mulcair
- Éléments graphiques pour les médias sociaux
- Le formulaire pour commander une pancarte
- Le meilleur formulaire de don de tous les sites évalués et le seul qui accepte Interac
- Chaque candidat a son propre microsite à même la plateforme
Ce qu’on n’aime pas
- Le bouton «Faites un don» est drôlement positionné (mais c’est sûrement voulu!)
- Beaucoup de contenu intéressant n’est disponible qu’en pied de page
- Où est le blogue?
«Menu enrichi, site adapté pour appareils mobiles, le site du Parti conservateur offre une expérience riche facilitant la consommation de contenu. Les incitatifs à l’action sont judicieusement rédigés et encouragent l’engagement de l’utilisateur. Qu’on soit pour ou contre, la section sur (ou plutôt contre!) Justin Trudeau demeure comique et reflète certainement le ton des conservateurs pour la campagne à venir.» – Marc-Antoine Roy
«Ici, pas de flafla. On a opté pour une grille ultra simple et un design flat. Redoutablement efficace, le site du Parti conservateur est celui qui s’en tire le mieux en matière de design et qui offre la meilleure expérience mobile. Certains diront qu’on aurait pu s’éclater un peu plus, mais l’information est présentée de façon très claire et bien structurée, un peu bold même. Les images sont bien mises en valeur, notamment grâce à des gabarits d’articles adaptés. Les pages sur l’histoire de la formation, cependant, ne sont pas très dynamiques et l’on peine à lire d’aussi longues phrases sur 1100 pixels.» – Guillaume Granger
Ce qu’on aime
- Le 24/sept de Stephen Harper
- La simplicité du formulaire de don et la possibilité d’effectuer un don mensuel
Ce qu’on n’aime pas
- Le giga-menu qui rend la navigation difficile, surtout sur les petits écrans
- Aucune section ne présente le programme du parti
- Les fiches des candidats contiennent très peu d’information
«La navigation classique aide à structurer la découverte de contenu et renforce le narratif du parti. Plusieurs éléments interactifs offrent une rétroaction pertinente, ce qui enrichit l’expérience de navigation. Les alertes de nouvelles en temps réel ajoutent du dynamisme.» – Marc-Antoine Roy
«Les images qui se superposent rendent l’ensemble un peu chaotique, mais l’information est tout de même assez claire. Le menu persistant dans l’en-tête fonctionne bien. La feuille de style gagnerait à être épurée pour améliorer la constance dans la typographie. Le design est un peu plus brouillon sur appareil mobile.» – Guillaume Granger
Ce qu’on aime
- La section «En quoi nous croyons» et ses outils interactifs
- Le «Centre d’action» qui agit comme hub pour ceux qui veulent s’engager
- La boutique en ligne
Ce qu’on n’aime pas
- On se demande pourquoi un don de 20,15 $ est offert par défaut?
- Le seul site qui échoue au test du formulaire de don
- Manque de constance dans la navigation entre les sections du site
«Le site aborde une structure plutôt standard, ce qui aide à la hiérarchisation des contenus et des appels à l’action. J’aime particulièrement la section Passez à l’action, qui présente clairement tous les moyens de s’engager. L’omniprésence du vert et du blanc rend l’expérience un peu monotone, mais renforce l’image du parti.» – Marc-Antoine Roy
«Le design manque un peu de rigueur au chapitre de la typo, qui passe du sérif au sans-sérif sans logique apparente. Conséquence: les niveaux de lecture pourraient être améliorés. La grille très simple présente bien l’information. Le passage au mobile n’est pas parfait sur la page d’accueil, avec certains éléments qui se superposent et des incitatifs à l’action peu contrastés, Le tout est néanmoins plutôt réussi, et les pages intérieures se consultent très bien. Par contre, l’énorme menu déroulant du pied de page aurait dû être pensé autrement.» – Guillaume Granger
Ce qu’on aime
- Un appel à l’action clair dès l’ouverture du site
- Ce n’est pas le site le plus léché, mais il répond aux objectifs; tout est là
- On peut faire un don par PayPal et donner directement à son candidat
- Le magasin en ligne
Ce qu’on n’aime pas
- Manque de finesse dans le design et l’expérience utilisateur
- Un blogue qui mériterait plus de types de contenu (photos, vidéos, etc.)
Sur les médias sociaux
Lors de ces élections, les partis utiliseront plus que jamais les médias sociaux pour communiquer leurs messages et mobiliser leur base d’électeurs. De leur côté, tout reste à faire. Ce sera un travail de chaque instant pour les candidats et leurs gestionnaires de communauté, car il s’agit du média par excellence de l’instantanéité.
Nous avons dressé le portrait des présences sociales des partis et de leur chef au début de la 42e élection fédérale canadienne. Dans 11 semaines, nous connaîtrons les vainqueurs et les perdants de cette joute. Il sera alors fort intéressant d’évaluer à quel point les médias sociaux auront eu un impact important sur la campagne.
Twitter et Facebook
Quand on compare la taille de leur communauté, les partis se séparent en deux groupes: les mastodontes conservateurs et libéraux… et les autres. Avec un auditoire total (comptes du chef et du parti, dans les deux langues, Facebook et Twitter) de plus d’un million de personnes chacun, conservateurs et libéraux sont bien en avance. Reste à voir ce qu’ils en feront…
Il est intéressant de noter que les comptes Facebook et Twitter des chefs sont tous beaucoup plus populaires que ceux de leur formation, jusqu’à cinq fois plus dans le cas de Stephen Harper.
Finalement, notons le faible auditoire des comptes francophones Twitter de tous les partis (sauf le Bloc) en comparaison aux anglophones: 5% de l’auditoire pour le Parti libéral, 3% pour le Parti conservateur et 1% chacun pour les néo-démocrates et les verts.
Bien qu’on ne soit qu’au début de la course, on remarque que les auditoires du Bloc (37% d’engagement) et celui du NPD (32,5%) sont beaucoup plus loquaces sur les médias sociaux. Pas loin derrière, on retrouve les libéraux (26%), les conservateurs (19%) et les verts (17%).
Finalement, l’on note une forte croissance de l’auditoire Facebook de Gilles Duceppe (7,5% de croissance), de Thomas Mulcair (3,8%) et du NPD (3,7%) au cours des sept derniers jours, comparativement aux autres partis.
Autres réseaux sociaux
Les partis sont tous présents sur YouTube et Flickr. Libéraux, conservateurs et néo-démocrates le sont aussi sur Instagram. L’élection de 2015 sera certainement marquée, sur le web et les réseaux sociaux, par une abondance de vidéos et de photos, comme on le voit déjà depuis le début de la campagne.
On ne peut s’empêcher de souligner la page Flickr de Stephen Harper, qui nous divertit en parsemant son album de lapins, chats et cochons d’Inde à adopter. C’est rare qu’on puisse admirer côte à côte le pape, le président américain Barack Obama et Pharao, un chat qui ressemble plutôt à un lapin.
Erreur 404
Ça joue dur en politique… même dans les pages d’erreur 404. Celles des conservateurs et du NPD donnent le ton, l’une anti-Trudeau, l’autre anti-Harper. On a hâte de voir la riposte des autres partis!